SPRITZ WITHOUT CITRON – épisode 4

(Épisode précédent disponible ici)

On entre dans Côme après avoir effectué un spectaculaire virage dans les collines. Une brise fraiche nous parvient par les fenêtres restées entrouvertes. Le train se couche un peu sur le côté ce qui nous permet d’admirer la ville. C’est là que j’aperçois le lac pour la première fois. Très brièvement car les wagons plongent aussitôt vers les immeubles. Avant d’atteindre le terminus « Como Nord Lago » on s’arrête à trois gares qui chacune s’enfoncent un peu plus vers le centre historique. Je suis surpris de la durée du trajet. En définitive le lac pour les milanais c’est un peu comme un week-end à Fontainebleau pour les parisiens.

Le train s’arrête finalement pour de bon et l’on bondit sur le quai jusqu’à la sortie de la gare. Il faut dire qu’on a qu’une hâte : l’admirer le lac.

On se retrouve dans un rond-point et l’on s’aiguille presque naturellement vers l’ouest, dans une rue baptisée « Lungo Lario Trieste » qui longe les berges du lac. On n’en voit pas grand chose à cause des arbres régulièrement semés le long du trottoir. Puis c’est au tour d’une haute palissade en bois. De l’autre côte j’aperçois juste les mats de bateaux de plaisance. Tout le long de la chaussée il y a de jolies villas. On s’accorde un bref crochet par le centre-ville pour vite se retrouver sur le parvis d’une cathédrale à la façade spectaculaire et peuplée de petits personnages. Puis, comme il n’y a pas grand chose d’autre à voir que des vacanciers aux terrasses des cafés on revient vers le lac pour débarquer sur la place « Camilla Benso ». Une scène est en train d’être montée et des chaises poussent un peu partout sur le parvis. Un coup d’œil à une affiche m’apprend qu’il doit s’y tenir ce soir un concert. Je dis à Luca que cela devrait être sympa mais il attire au même moment mon attention sur le lac qui se dévoile à présent à nous. Je me dérobe à la vue des pédalos et lui désigne une sorte de parc qui s’étend pas très loin.

façade cathedrale come
« On s’accorde un bref crochet par le centre-ville pour vite se retrouver sur le parvis d’une cathédrale à la façade spectaculaire et peuplée de petits personnages. »

On s’y rend sans tarder. Il doit être pas loin de dix-neuf heures, autrement dit l’heure où les natifs du coin commencent à sortir (les touristes eux sont bien sûr debout et d’aplomb depuis neuf heures), on croise donc pas mal de groupes de jeunes comasques qui lézardent sur les pans d’herbe, vêtus en général d’un simple short de bain pour les garçons (ajoutés un haut pour les filles), et attendant que le soleil se soit couché pour rejoindre les bars et boites de nuit. On ne bite pas un mot de ce qu’ils racontent mais cela a l’air animé. Luca et moi on a mis nos gros sacs par terre et on s’est affalés dessus comme des vagabonds atterris ici sans trop savoir comment. Personne ne fait néanmoins attention à nous. Tout près il y a un jeune groupe d’une dizaine de mecs accompagnés de trois ou quatre nanas qui semblent davantage jetées en pâture qu’autre chose. Elles s’esclaffent en même temps aux mêmes plaisanteries et ont du mal à dissimuler leur gêne. Il faut dire qu’il y a bien deux ou trois damoiseaux avec des t-shirts d’ « In Flames » dans le lot, de quoi faire.

Un peu plus loin, des gens nagent à côté d’une longue digue qui s’étend. Encore un peu plus loin un groupe de filles nous reluquent par coups d’œil réguliers depuis un banc. Elles finissent par plonger dans l’eau. Moi je suis trop frileux pour même l’envisager. Je suis par contre surpris que Luca n’y aille pas, lui qui saute d’habitude sans hésitation dans tout ce qui ressemble à un trou rempli d’eau. Il faut dire qu’on a quelques kilomètres milanais dans les jambes avec le poids des sacs et que le soir approche.

Comme on a soif et que je me souviens avoir vu un panneau indiquant des toilettes je me propose d’aller recharger nos bouteilles d’eau. Luca qui est maintenant trop pris dans son examen d’une  carte de l’ensemble du lac acquiesce sans y penser. Il y a une tirelire à l’entrée des W.C accompagnée d’une affichette dont je ne comprends pas grand chose d’autre que les « 0,50 euros » écrits tout en bas. Je ressors avec nous bouteilles pleines à craquer et ma vessie toute vide. On boit quelques gorgées en admirant le bleu magnifique des flots. Le lac de Côme à la forme d’un « Y » inversé. Depuis le parc où nous sommes allongés on y voit guère qu’un petit segment de la branche inférieure gauche… C’est du moins ce dont on s’apercevra après quelques jours de marche, car pour l’heure nous nous demandons si le petit village que nous apercevons au loin juché dans les colline juste avant que les eaux ne se dérobent à notre regard, est celui de Lenno, situé au croisement du « Y », la fourche. (En réalité il s’agissait probablement de Moltrasio qui se trouve à quelques kilomètres seulement, coincé sur la crête de l’un des premiers replis du lac). Mais pour l’instant nous sommes complètement dupés par les distances et le manque de précision de notre carte, donc on est persuadés d’apercevoir la première moitié du lac alors qu’il ne s’agit même pas du tiers de son embranchement inférieur gauche…

De hautes montagnes se dressent tout autour du lago et le prennent dans leurs replis le plus souvent couverts du sommet à mi-parcours d’une épaisse masse d’arbres parfois tachetée d’habitations aux toitures oranges. Un hydravion tournoie au dessus de l’eau à quelque distance de là. Je crois avoir lu sur un panneau qu’il y avait un petit aérodrome à Como. Je l’entends passer et repasser jusqu’à ne même plus y prendre garde. On regarde la carte un bon moment avant de décider que l’idéal serait – la nuit approchant – de gravir la montagne jusqu’à l’un de ces petits villages qui s’y nichent, afin de becter un morceau et trouver un coin où dormir tranquille. L’ascension ne s’annonce pas de tout repos. Le dénivelé de la seule route qui semble conduire à notre destination, le petit village de « Brunate », est important. Il y a bien le funiculaire qui y monte mais ni Luca ni moi ne tenons à mettre de l’argent là-dedans. De même pour le bus. On décide d’y aller à pattes. On achète une bouteille d’eau de 1,5 litres chacun, autant pour l’eau qu’elles contiennent que pour remplacer par de plus grands récipients les maigres bouteilles de 0,5 que l’on se trimballe depuis Milano. Il faut savoir qu’en Italie – du nord en tous les cas – on trouve des fontaines d’eau potable disséminées un peu partout. Dans le bar, le type qui nous les vend nous retient une dizaine de minutes en s’apercevant qu’on est français. On taille une bavette et lorsqu’il apprend qu’on est de l’Essonne il commence à s’agiter encore plus. Je crois comprendre dans tout ce qu’il nous balance qu’il a de la famille vivant à Corbeille, une ville située pas très loin des nôtres à Luca et moi. A plus de mille kilomètres cela crée des liens. Le type est ravi en tout cas. Nous aussi. On paye et on s’en va. Como s’éloigne lentement tandis que démarre notre ascension de ce flanc de montagne. La fameuse route évoquée avant et que l’on avait repérée de loin, s’insinue parmi les arbres au vert éclatant jusqu’à Brunate. Brunate est le groupement de tâches jaunes et oranges que l’on distingue, niché dans les hauteurs du lac. Il n’y a pas de trottoir sur cette route. On ne croise que des bagnoles grimpant péniblement la côte ou la dévalant l’air de rien à soixante dix bornes à l’heure. Il y a à peine la place pour que deux tires passent de front alors imaginer le supplément : deux touristes bardées de tout l’attirail qui va bien avec. Limite ouais. Plusieurs fois je sens la carlingue des bahuts taper dans la bouteille en plastique accrochée au flanc de mon sac à dos. On change régulièrement de côté afin de ne pas prendre les virages à l’aveugle en se fichant dans leur angle mort (cela fait rebondir notre espérance de vie), mais comme toute bonne route de montagne, elle monte en lacet et on se retrouve à le faire souvent, mode catamaran « on » : à bâbord toute, à tribord toute etc…

On commence à avoir une belle vue de Côme, je l’aperçois brièvement chaque fois que les arbres s’écartent et que les gouttes de sueur perlant sur mon front me laisse un instant de répit. J’aperçois la cathédrale devant laquelle on s’était retrouvés tout à l’heure, c’est d’ailleurs la seule construction qui ressort un peu du lot. Je ne pense pas que ça soit une ville très ancienne. Ou bien les promoteurs se sont empressés de lui donner un visage plus « tourist-ready ».

N’empêche que toute cette circulation autour de nous me fout un peu les jetons. Surtout je me demande si l’on est censés être ici. J’en fais part à Luca qui se veut rassurant. « C’est comme en Corse » qu’il me dit. (Luca a de la famille en Corse et y passe souvent ses vacances à faire de la randonnée). Il ajoute que c’est normal là-bas de marcher au milieu des bagnoles. Je m’en étonne mais il a l’air sûr de lui et je veux pas ruiner le moral du groupe alors on continue.

"On commence à avoir une belle vue de Côme, je l’aperçois brièvement chaque fois que les arbres s’écartent et que les gouttes de sueur perlant sur mon front me laisse un instant de répit."
« On commence à avoir une belle vue de Côme, je l’aperçois brièvement chaque fois que les arbres s’écartent et que les gouttes de sueur perlant sur mon front me laisse un instant de répit. »

A mesure que l’on se rapproche de Brunate les bagnoles se font plus rares. Bientôt une maison abandonnée se présente sur le  bord de la route. Luca me fait remarquer que l’on pourra crécher ici ce soir. Il faut dire qu’à ce moment là il est pas loin de vingt et une heure et qu’on est déjà en chasse de notre « gîte » pour la nuit. On entre jeter un œil à l’intérieur. Cela me fait pas mal penser à la « Miroiterie », le squat/concert de Ménilmontant à Paris. (En fait n’importe quel bouge décrépit, bardé de tag et déco parpaing naturel.) Cela m’a l’air pas mal, sauf les immondices qui jonchent le sol. On se le note donc dans un coin de la tête, Plan B, tout en imaginant ce que l’endroit pourrait être avec un gérant : quinze euros la nuit pour une piaule « propre ». Dix pour les autres, impliquant tessons, seringues et capotes (usées, on ne va pas faire des bénéfices non plus). On s’aligne en somme sur le bas de gamme des auberges de jeunesse. Tout de même je m’interroge sur ce qui a bien pu arriver à cette pauvre maison sur la colline. Tomber dans une telle déchéance dans un coin si magnifique… Sans doute une obscure histoire de permis de construire, ou un décès des futurs propriétaires. Les ouvriers n’ont même pas eu le temps de finir la toiture. On reprend la route et quelques 4×4 dont les propriétaires semblent heureux d’en trouver pour une fois l’utilité défilent. Pour revenir aux seringues dans la maison je me fais une raison : les junkies ont bien le droit de venir se piquer où ils veulent, y compris dans un endroit si classe. Les gangsta rappeurs qui peuplent Paris et sa banlieue sont bien friands de Saint Michel (je crois que c’est l’aspect romantique qui leur fout la barre). En haut de la route on distingue les premières maisons du village, je veux dire : des maisons avec de vraies personnes vivant pour de vrai à l’intérieur. On entre dans Brunate et les habitants nous regardent d’un air étrange, (même pour des touristes) car le style sac de couchage et tronches dégoulinant de sueur ne doit pas encore faire partie des mœurs de la région. On visite un peu le coin jusqu’à atterrir sur un petit surplomb coiffé d’une esplanade offrant une vue magnifique de Como et des premiers miles du Lac. Cyprès, toitures oranges, reflet du soleil déclinant dans l’eau et azur virant au rose du soir. Voilà le panorama. Je m’accoude à la rambarde et j’entends Luca qui prend un cliché dans mon dos. Il me le montre ensuite. J’ai posé mon sac à dos, j’ai une serviette de plage sur l’épaule afin de m’éponger de toute cette sueur. Je remarque que ma ceinture en cuir a déteint sur ma chemise Marlboro Classics. Un autre touriste passe, nous regarde et nous demande si l’on est montés par la route. Je résiste à la tentation de lui répondre que l’on a pris le funiculaire en faisant des pompes durant l’ascension et acquiesce. Il se marre et incline la tête avec une espèce de respect impénétrable puis se tourne vers sa femme et ses gosses pour leur balancer quelques mots dans une langue que je ne prends même pas la peine d’identifier. Quelques secondes plus tard j’entends le bruit d’une bagnole qui démarre et quand je me retourne il n’y a plus que de la poussière. Toute la petite tribu s’est barrée. Luca pointe du doigt une tâche verte blottie entre les toitures oranges des maisons et le Lago. Il s’agit du parc où l’on était encore posés il y a moins de deux heures. Sans jumelle il est difficile d’en être tout à fait sûr mais j’ai l’impression que les baigneurs sont tous sortis de l’eau. A peu près au même moment mon attention se porte sur un petit sentier à l’aspect charmant et qui sillonne sur le flanc de la montagne depuis Côme jusqu’à Brunate. Il semble plus ou moins suivre les rails du funiculaire. On quitte l’esplanade pour y jeter un œil. Effectivement il s’agit bien d’un sentier réservé au piéton. Je m’accorde quelques secondes pour réfléchir à quelle point l’ascension aurait été autrement plus plaisante par cet itinéraire-ci puis les excuses de Luca passées (c’est lui qui a la carte) on se met en quête d’un restaurant.

J’ai posé mon sac à dos, j’ai une serviette de bain sur l’épaule afin de m’éponger de toute cette sueur. Je remarque que ma ceinture en cuir a déteint sur ma chemise Marlboro Classics.
« J’ai posé mon sac à dos, j’ai une serviette de bain sur l’épaule afin de m’éponger de toute cette sueur. Je remarque que ma ceinture en cuir a déteint sur ma chemise Marlboro Classics. »

Comme il n’y en a que deux et que le premier ferme, le choix est vite fait. On s’installe à l’extérieur sur le balcon et on se fait servir une bonne plâtrée de polenta. J’ai oublié que j’aimais pas ça mais cette fois-ci ça passe tout seul. Le type qui nous sert jette un œil à nos sacs jetés en vrac dans un coin et nous demande  si l’on est les deux types qui sont montés au village à pieds par la route. On fait semblant de ne pas bien comprendre en secouant la tête.

Il fait maintenant nuit et sous nos yeux s’étalent un autre magnifique panorama de Côme et de cette branche du lago. Le poisson que nous avons commandé arrive bientôt. Je ne me souviens plus de son nom mais il est chargé d’arrêtes et lorsque j’ai fini de le dépecer j’ai l’impression que les étoiles ont déjà tourné dans le ciel. On se régale avec les desserts puis on squatte la table encore une bonne heure après avoir fini. De toute façon il n’y a personne dehors à part un jeune couple d’italiens en train de se conter fleurette. Cela m’embête un peu de leur casser l’ambiance – cela ne devait être la dernière fois du voyage – mais Luca qui leur tourne le dos ne se gêne pas lui pour me déballer tout un tas de trucs gênants, même dans une langue étrangère. Dans la salle, à l’intérieur du restaurant, des habitants de Brunate échangent des mots incompréhensibles mais chargés de couleurs. Personne ne vient nous pousser vers la sortie. Tout est infiniment calme. Les sons de Côme se diffusent dans l’air attiédi. Un vieux couple du village arrive, salue les gens à l’intérieur, et vient se poser sur le balcon où ils se font servir sans même avoir commandé deux belles tranches de pastèque. Les lumières de Côme scintillent et les plus proches du lac se reflètent à la lisière de sa masse d’eau désormais sombre et incertaine. Luca et moi on parle de tout, de grands hommes d’autrefois, Lawrence d’Arabie, le Général Lee, de nanas, et des notes jazzy nous parviennent depuis la scène que l’on a vu se monter en fin d’après-midi, en arrivant. Le concert vient sans doute de commencer.

« On s’installe à l’extérieur sur le balcon et on se fait servir une bonne plâtrée de polenta. J’ai oublié que j’aimais pas ça mais cette fois-ci ça passe tout seul. »

Enfin on quitte le restaurant, rassasiés comme deux touristes un peu crétins peuvent l’être. On erre dans Brunate à la recherche d’un coin où passer la nuit. Luca suggère de retourner à la maison abandonnée au bord de la route mais je suis pas chaud pour marcher vingt minutes, plein comme je suis avec la polenta et la bière qui me ballottent. En plus il n’y a presque aucun éclairage et l’on n’est même pas sûr de la retrouver. On décide donc de monter plus haut dans la montagne, suivant d’abord la rue « Giacomo Scalini », d’un réverbère à l’autre. On se perd finalement. A la seule lueur de ma « MAGlite led XL100 » on s’engage dans un sentier perdu, là où reposent de vieilles maisons que Théophile Gautier n’aurait sans doute pas renié. On pénètre dans la forêt via un chemin de terre entravé par les racines des hauts arbres. On a un peu les jetons mais on avance quand même. On atteint après une courte marche les ultimes hauteurs de ce pan de montagne et le hameau de San Maurizio. Il y a une grande place étonnement bien éclairée avec un panneau de direction sur lequel on lit « Lighthouse ». Je dis à Luca qui parle aussi bien l’anglais que l’araméen qu’il y a un phare dans les parages. Il paraît surpris et me demande ce que l’on irait faire dans un phare. Comme je n’ai pas de réponse je m’engage dans la volée de marches pointées par l’écriteau. Il y a un grand bâtiment juste à côté, je comprends vite qu’il s’agit d’un hôtel de luxe, isolé au sommet de la montagne. Le phare nous apparaît bientôt, dressé au milieu d’une petite piazza. On concentre nos derniers efforts pour l’atteindre et bientôt, bientôt cher lecteur se dévoile l’un des plus incroyables panoramas qu’il m’ait été donné de voir. Cette vue là de Como et du lac n’a plus rien à avoir avec les précédentes. On ne voit plus que la forme floue et diffuse de la ville, lotie à côté du bloc d’ombre absolu constitué par le lac. On dirait une immense galaxie qui s’étend d’un coup devant nos yeux ébahis. On s’extasie une bonne demi-heure avant de rendre compte que les quelques bancs disséminés autour sont tous occupés par des couples qui s’enlacent dans l’ombre du phare. Le phare est une haute construction de pierre blanche qui me fait vaguement penser à la « Coit Tower » de San Francisco. Il y a des petits renfoncements à sa base c’est là que l’on se cale dans nos duvets comme des momies dans leurs sarcophages ouverts. Le sol est un peu dur. Au dessus de ma tête, j’observe le faisceau du phare tournoyer dans le ciel. Luca en fait plusieurs fois le tour et se plante de chemin pour aller pisser. En fait il m’en montre un du doigt « Ca mène où ça ? » et moi de lui répondre que c’est par là qu’on est arrivés. « Ok ».

On s’endort le dos en compote mais heureux d’avoir déniché un coin si chouette.

En pleine nuit des touristes trouvent quand même le moyen de venir nous réveiller avec leur ballon de foot qui rebondit partout (comment ont-ils fait pour atterrir dans un endroit aussi paumé à une heure pareille ?). Ils braillent quelques minutes et foutent ensuite le  camp retrouver leurs chambres d’hôtel quatre étoiles. Je vide mon sac pour essayer de me faire une sorte de matelas mais c’est encore pire. Pourquoi le marbre est-il si dur ? Qui plus on doit bien être à huit cents mètres d’altitude, une légère brise souffle et il ne fait plus si chaud. Je trouve finalement un sommeil fuyant et la nuit n’est perturbée que par un couple venu ici pensant être tranquille pour un « instant romance »… rapidement avorté à la vue des deux vagabonds squattant ce qui doit être le meilleur spot de drague de toute la Lombardie.

« On ne voit plus que la forme floue et diffuse de la ville, lotie à côté du bloc d’ombre absolu constitué par le lac. On dirait une immense galaxie qui s’étend d’un coup devant nos yeux ébahis. »

(© Syd Vesper 2012)

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